Devenu Volontaire de l’ONU pour la première fois en 2001, alors qu’il était âgé de 67 ans, Guy Vézio raconte pourquoi il a fait ce choix.
Goma, République démcratique du Congo: Devenu Volontaire de l’ONU pour la première fois en 2001, alors qu’il était âgé de 67 ans, Guy Vézio raconte pourquoi il a fait ce choix :
Le volontariat n’est pas une question d’âge. Parmi les Volontaires des Nations on rencontre trois types des personnes : les jeunes diplômés qui enrichissent leurs connaissances universitaires d’une expérience passionnante et formatrice, ceux qui profitent d’un changement de carrière pour faire un passage par les Nations unies et enfin ceux qui, comme moi, ont terminé leur carrière et disposent d’une indépendance financière. Les volontaires membres de ce dernier groupe mettent leur expérience professionnelle au profit d’une mission à caractère humanitaire.
Ayant atteint la limite d’âge légale pour travailler en France et en pleine possession de mes moyens physiques, moraux et intellectuels, j’ai cherché des voies pour continuer à me rendre utile. Etre Volontaire des Nations Unies me permet de mettre mes connaissances et mon expérience au profit de ceux qui en ont le plus besoin. Au fond, pour moi, devenir volontaire n’a pas été un virage dans ma vie, mais l’aboutissement logique et naturel de mon parcours professionnel et personnel.
J’ai eu la chance de participer à quatre missions différentes. Le plus souvent pour des missions de soutien électoral. Du Timor-Est au Burundi, de la République démocratique du Congo au Niger, j’ai pu m’apercevoir qu’il n’existe pas deux situations identiques et qu’il est essentiel de savoir s’adapter à des situations diverses et volatiles.
Je me souviens d’une longue mission dans le territoire de Lusambo pour la préparation des scrutins nationaux dans la province du Kasaï-Oriental en 2005-2006. Dans ce chef-lieu pratiquement en sommeil, passablement dévasté par plusieurs épisodes de la rébellion dans les années 1970-80, quelque peu abandonné par suite de liaisons routières difficiles (aéroport hors d’état et navigation fluviale abandonnée, à part pour quelques pirogues personnelles), il existait un réel besoin de contact ; d’autant qu’on doit rappeler que Lusambo eut un rôle important grâce la coopération des chefferies locales, dans l’arrivée et l’installation des missions belges du XIX° siècle.
Dans le cadre de ma mission, il fallait tout inventer ou improviser en matière électorale. J’ai été particulièrement touché par le dévouement des notables locaux au service de leur communauté afin que ces élections puissent se dérouler convenablement. Le désir de représentativité démocratique est immense dans ces régions reculées et inexistantes sur la plupart des cartes du Congo. Pourtant, j’ai pu me rendre compte de l’incroyable richesse de l’histoire locale, j’aimerais que nous ayons plus de temps pour vous raconter la grande et les petites histoires de ce minuscule bout de Congo.
L’adaptabilité est une des trois qualités nécessaires à chaque volontaire. Les deux autres sont la volonté et le « sens du contact ». Un volontaire qui rassemble ces trois qualités, quelle que soit sa mission, aura un effet positif sur son environnement.
Permettez d’ajouter une petite chose. En tant que volontaire, comme pour tout le personnel des Nations unies, il faut savoir rester humble. Les actions que nous menons n’ont de sens qu’en les replaçant dans le cadre général des Nations unies. Nous agissons en tant que représentant de l’ONU, ce qui nous donne du poids lorsque nous interagissons avec les différents acteurs mais cela exige aussi de nous un comportement exemplaire et modeste. Il ne faut jamais l’oublier.
Par Jonathan Lorrillard sur une interview réalisée avec Guy Vézio