Le personnel de l'ONU de la MINURCAT lors d’une marche en faveur de la prévention du VIH/sida au Tchad. (Programme VNU, 2010)

Clôture de mission, une expérience unique et poignante pour le programme VNU

Le personnel de l'ONU de la MINURCAT lors d’une marche en faveur de la prévention du VIH/sida au Tchad. (Programme VNU, 2010)

Abéché, Tchad: Quand la fermeture de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) a été annoncée par le Conseil de sécurité des Nations unies en mai 2010, j'étais déjà en poste à Abéché comme Officier de projet et de plaidoyer du programme VNU.

« Vous devez connaître la phase de liquidation au moins une fois », m’ont dit des collègues qui en avaient fait l’expérience. Certains ont affirmé, « J’ai dû la faire [la liquidation], et je ne le ferai plus. » D'autres ont remarqué : « C'est l’étape la plus stressante d'une mission. Mais si vous avez la possibilité de faire partie de l’équipe chargée de la liquidation, vous pourrez apprendre beaucoup. »

La première fois que j'ai entendu « la phase de liquidation », je ne comprenais pas ce que c'était. Dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le démarrage, la mise en œuvre et la fin du mandat sont les phases les plus connues du processus de mission. C’est au cours de ces étapes que la majorité du personnel des Nations Unies se trouve sur ​​place et que la médiatisation est à son plus haut degré.

Moins connue est la phase de liquidation de la mission et à quel point la plupart du personnel et les médias ont à expédier les choses. Mais dans cette phase, les Volontaires des Nations Unies apportent aussi une contribution active et dynamique. Comme vous pouvez l'imaginer, lorsque la fermeture de la MINURCAT a été annoncée, j'ai été très heureux de faire partie de cette étape et d’avoir la chance d'apprendre encore davantage.

J'ai vécu la liquidation de la MINURCAT en grande partie grâce à mes collègues du programme VNU. Ils entrent dans notre bureau et disent : « Tout est en train de changer tellement vite ! » La capacité d'adaptation et la mise en œuvre de nouvelles directives dans des délais serrés est souvent la clé pour mener à bien ses devoirs. Cela a causé beaucoup de stress, mais cela a aussi permis d’améliorer nos compétences en gestion et résolution de conflits tout en menant un travail d'équipe.

« Certes la quantité de travail augmente considérablement, mais ce n'est pas là le principal problème, car nous sommes habitués à travailler comme ça », m’ont dit des Volontaires des Nations Unies qui m’ont fait part de leurs préoccupations. « Le principal problème c’est que nous n'avons pas connaissance de ce qui se passe au sujet de ce qu’on attend de nous ensuite. »

Alain Irankunda, un volontaire chargé d’administration auprès de l'Unité du programme VNU sur le terrain au Tchad, a fourni un soutien et donné des conseils 24 heures sur 24 à tous les Volontaires des Nations Unies. A plusieurs reprises je me suis demandé comment il tenait le coup, parce qu'il n'avait pas pris de congés pendant toute la période de liquidation.

La phase de liquidation a un effet émotionnel sur les personnes concernées. Lors de ma première visite à Abéché en mai 2010, on remarquait un élan d'enthousiasme et d'énergie. Les drapeaux flottaient, on s’affairait à l'aérogare, la cafétéria était toujours bondée et c’était difficile de trouver un logement pour la nuit.

Lors de ma dernière visite à Abéché en Mars 2011, un seul passager partageait le vol avec moi. La zone d’attente du MOVCON (Contrôle des mouvements, l'unité responsable de tous les transports de personnes et de marchandises à destination et à partir d'une zone d'opération) était presque vide. Les drapeaux des Nations Unies autour de la mission étaient vieux et avaient besoin d’être remplacés. Les drapeaux des pays fournisseurs de contingents avaient tout simplement disparu et leurs mâts étaient entassés les uns sur les autres au sol.

Je me suis entretenu avec un autre Volontaire des Nations Unies et nous avons échangé nos impressions sur la façon dont Abéché avait bien changé, ce qu’elle a été avant et ce qu’elle est maintenant. « C'est triste German, m’a-t-il dit en contemplant les rues désertes. Nous avons construit tout cela, mis en place les préfabriqués, l’électricité et l'eau. Il n'y avait rien quand nous sommes arrivés ici, mais maintenant nous sommes en train de tout démonter. Ce n’est pas facile. »

La phase de liquidation est également ressentie par la population locale. Beaucoup ne voulaient pas nous laisser. Un groupe de cinq membres du personnel local m’ont approché en m'appelant par mon nom. Ils m'ont demandé quand nous serions de retour. « Les agences des Nations Unies poursuivront leurs travaux ici », ai-je répété à plusieurs reprises. Nous avons terminé la conversation en échange d’un "A plus tard." Mais, nous savions tous que la probabilité de se voir encore une fois été très faible, et, en fait, ce fut un "Adieu".

Avec le recul, je peux dire que ma participation à la fermeture de la mission a en effet complété ma façon de voir les opérations de paix des Nations Unies, non seulement au sein de la mission, mais aussi en ce qui concerne nos partenaires locaux. La partie la plus difficile avait affaire avec la lourde charge de travail en plus du stress émotionnel provenant de l'incertitude de ne pas savoir ce qui allait suivre, non seulement pour nous, mais aussi pour nos partenaires locaux.

Je suis tellement reconnaissant d'avoir eu la possibilité de faire l'expérience de la phase de liquidation. Je crois que je vais également encourager tout le monde à vivre cette occasion unique, parce qu'elle nous enseigne à apprécier les autres phases d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies.

Cinquante Volontaires des Nations Unies figurent parmi l'équipe du personnel national et international travaillant dans la phase de liquidation de la MINURCAT qui a débuté en Janvier 2011 et continuera jusqu'à la fin du mois d'avril.

J'adresse mes remerciements à tous les Volontaires des Nations Unies qui ont apporté une grande contribution à la paix et au développement du Tchad. Ils quittent un réseau dynamique de contacts avec des ONG locales dans les différentes régions reculées du pays. Plus de 70 Volontaires des Nations Unies dans le cadre des entités des Nations Unies restent pour soutenir le peuple tchadien. Le réseau reste en vie au cours de cette année marquée par la célébration du 10ème anniversaire de l'Année Internationale des Volontaires (AIV +10) !


German Robles Osuna (Mexique) a servi comme Officier de projet et de plaidoyer du programme VNU avec la MINURCAT du 1er mai 2010 au 31 Mars 2011.