Au Bénin, le taux d’occupation des prisons estimé à 170,19 % indique la persistance de la surpopulation carcérale malgré les efforts consentis par le Gouvernement. Cette situation qui contraint les détenus à une promiscuité et une mauvaise hygiène, constitue une bombe dans le contexte de la COVID-19.Le programme des Volontaires ONU, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Bénin, à travers le Projet d’Appui à l’Amélioration de l’Accès à la Justice et de la Reddition des Comptes, a déployé depuis octobre 2020 dix Volontaires ONU notamment sept médecins et trois psychologues au sein des établissements pénitentiaires du Bénin, pour y améliorer la qualité des services de santé.
Selon le Représentant Résident du PNUD au Bénin, M. Aouale Mohamed Abchir, l’intervention des Volontaires ONU pour la prise en charge médicale et l’accompagnement psychologique des détenus permet à plus de 10 300 personnes en détention de jouir de leur droit à la santé. .
Les Volontaires sont les acteurs de premier-plan de cet appui aux prisons, et leur travail contribue directement à la bonne santé et au bien-être des populations carcérales, à réduire les inégalités, à l’efficacité des institutions de paix et de justice Aouale Mohamed Abchir, Représentant Résident PNUD
Le Dr Gouda Faouzane, en poste à la prison civile de Cotonou, contribue activement à la lutte contre la pandémie. "Nous avons réussi à réduire considérablement la propagation du COVID-19. Depuis le début de notre mission, l'incidence du COVID-19 est passée de 15 cas contaminés à deux cas aujourd'hui. Tous les prisonniers et le personnel pratiquent désormais davantage de règles d'hygiène et de mesures de protection contre le COVID-19", dit-il.
Par ailleurs, il a initié une désinfection complète des établissements avec l'équipe de la Direction départementale de la santé du Littoral.
Au Centre du pays, le quotidien n’est pas de tout repos pour le volontaire ONU Dr. Edouard Kpahe, Médecin affecté à la prison civile d’Abomey. Il visite les dortoirs tous les matins pour détecter les éventuels malades graves qui n’ont pas pu venir à l’infirmerie ; ensuite il effectue une consultation des détenus qui se sont inscrits pour des pathologies. Si leur état nécessite une évacuation ou une consultation spécialisée chez un ophtalmologue, un gynécologue par exemple, Dr Kpahe s’occupe des formalités administratives avec l’administration pénitentiaire. Il rend également visite aux détenus hospitalisés une fois par semaine.
Cette expérience m’a rendu davantage responsable. Je dois répondre de la santé de plus de 1 300 détenus et coordonner le bon fonctionnement de l’infirmerie. Les détenus n’ont pas la possibilité de changer de soignant comme au moment où ils étaient libres de leurs mouvements. Alors je fais de mon mieux pour les servir comme il le faut --Dr Edouard Kpahe,Volontaire ONU
Certains détenus ont des antécédents psychologiques ou psychiatriques et des habitudes de toxicomanie, ce qui affaiblit souvent leur bien-être en prison. La psychologue Emilienne Aligbonon, VNU, aide les prisons de Cotonou et d'Abomey-Calavi à gérer ces cas. Elle apporte un soutien psychologique à travers des consultations individuelles, des thérapies de groupe, des sensibilisations et des médiations.
Par exemple, Emilienne a créé des petits groupes thérapeutiques sur la santé mentale et les conséquences de la drogue. Elle travaille également beaucoup sur les relations interpersonnelles afin de prévenir les différentes formes de violence telles que la discrimination, la violence verbale et physique, l'intimidation et la ségrégation.
« Le bénévolat est une nouvelle expérience que j'apprécie vraiment en raison des valeurs d'inclusion et d'intégrité humaine que l'on retrouve dans mon travail quotidien. Cette mission est la concrétisation de mon désir d'aider les personnes vulnérables. J'apprends à travailler humblement et efficacement avec des ressources limitées. » --Emilienne Aligbonon, psychologue Volontaire ONU
Le Capitaine Sagbo Alladassi, Régisseur de la maison d’Arrêt d’Abomey-Calavi a déclaré : "Nous sommes satisfaits de la présence et du travail des Volontaires ONU. Nous avons constaté beaucoup de changements positifs avec l’intervention de la psychologue Emilienne. L’exemple le plus parlant est celui des femmes détenues chez qui on observait beaucoup de conflits et des bagarres régulières. Dr Aligbonon a pu identifier et régler les désaccords grâce à quelques thérapies de groupe. Elle a également mené des thérapies de groupes et des entretiens individuels avec les responsables des détenus sur le management des personnes en détention, action qui s’est révélée très utile à la gestion du pénitencier."
Pour le Représentant Résident du PNUD, l’intervention des Volontaires ONU impacte sur la durabilité du projet à trois niveaux:
- D’abord, les activités de santé préventive, organisées par les VNU au profit des détenus, deviennent un acquis que les détenus et le personnel pénitentiaire peuvent pérenniser.
- Ensuite, les volontaires médecins ont assuré un encadrement et un recyclage au personnel infirmier et aide-soignant pénitentiaire ; ce qui leur permet de mieux faire face aux pathologies ordinaires des détenus, même en l’absence des médecins.
- Enfin, l’accompagnement des volontaires psychologues permet la rémission des comportements antisociaux et une prévention des risques de récidive, en particulier chez les jeunes ou les mineurs détenus.
Cet appui du PNUD au Ministère en charge de la Justice s’inscrit dans l’approche inclusive « ne laisser personne de côté » pour la mise en œuvre de l’agenda 2030.
Cet article a également été publié par le Programme des Nations pour le Développement (PNUD) https://www.bj.undp.org/content/benin/fr/home/presscenter/articles/proteger-les-droits-des-detenus-au-benin.html