La volonté de faire le bien, d’aider les autres, de donner et d’apporter un soutien à ceux qui en ont besoin, toutes ces qualités sont inhérentes à la culture arabe. Le volontariat se manifeste à travers la région, lorsqu’on voit, par exemple, des villageois du Soudan se rassembler à la saison de la récolte pour travailler ensemble sans attendre aucun salaire ni compensation matérielle. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour impliquer la jeunesse arabe au niveau communautaire et lui fournir des opportunités de s’intégrer et de participer, grâce au volontariat.
Il existe différentes interprétations du concept de volontariat selon les régions et les cultures, et c’est également le cas dans les pays arabes. Lorsqu’un citoyen aisé répond à une catastrophe naturelle en offrant une contribution financière ou en faisant don de couvertures et de nourriture pour les victimes de cette catastrophe, cela est souvent perçu comme une action volontaire, et donc, comme du volontariat. La charité est un élément essentiel de l’assistance humanitaire, mais ce n’est pas du volontariat. Le volontariat se définit plutôt par le fait de consacrer son temps, ses compétences et son expérience à ceux qui en ont besoin sans attendre aucune compensation matérielle, par exemple, lorsqu’un médecin fournit un traitement sans rémunération à des patients qui n’ont pas les moyens de se faire soigner en cas de maladie.
Avant que les bénéfices sociaux du travail volontaire ne puissent s’accroître, il est nécessaire d’aborder certains problèmes fondamentaux dans le monde arabe.
Des infrastructures de volontariat solides, l’institutionnalisation du volontariat, le développement d’approches structurées pour guider et coordonner les organisations impliquant des volontaires (OIV), et la mise en place de réseaux entre les acteurs locaux et mondiaux, le secteur privé et le gouvernement : voilà les éléments nécessaires afin d’encourager les projets communs et nouveaux mécanismes à intégrer le volontariat dans les stratégies de développement de la région.
Mettre les jeunes à contribution grâce au volontariat pourrait également réduire la menace du terrorisme et de l’extrémisme. Des recherches ont montré le lien entre ce phénomène dangereux et l’exclusion des jeunes de la prise de décision, tout en soulignant le fait qu’une implication proactive de ces jeunes pourrait couper l’herbe sous le pied d’un mouvement terroriste et freiner la propagation de son idéologie parmi ces derniers. Il est très important de promouvoir et de reconnaître le rôle et la contribution des volontaires et du volontariat dans les états arabes.
Le programme des Volontaires des Nations Unies (VNU) encourage le volontariat dans le monde arabe depuis des nombreuses années. Le programme " Jeunes arabes volontaires pour un meilleur avenir ", un projet récent, a été lancé dans cinq pays : l’Égypte, la Jordanie, la Tunisie, le Yémen et le Maroc. Créé en 2011, ce programme avait pour but de mobiliser les jeunes Arabes et leurs gouvernements par le biais du volontariat tout en développant leurs compétences et en les impliquant dans le processus de prise de décision au sein de leurs sociétés, afin d’éviter leur marginalisation continue et leur mécontentement toujours plus croissant.
Dans chaque pays, d’importants acteurs ont été réunis à l’occasion d’ateliers qui leur ont donné l’opportunité de rencontrer les jeunes de la région arabe et d’échanger différentes opinions sur le volontariat. Dans l’idée d’employer une approche ascendante qui voulait éviter qu’un programme de développement ne soit imposé par les dirigeants, on espérait que le succès de l’essai dans les cinq pays initiaux pourrait être reproduit dans d’autres états arabes.
Le programme régional pilote s’est terminé en 2016 avec différents degrés de réussite. Les résultats ont été principalement affectés par les circonstances de chaque pays. Le conflit au Yémen, par exemple, a détruit tout espoir d’établir des activités durables, tandis que d’autres pays ont rencontré des tournants politiques qui ont altéré les engagements pris par les gouvernements précédents. En revanche, la réussite du programme au Royaume du Maroc se démarque du reste.
Dans toute la région arabe, il reste encore beaucoup à faire.
***
A propos de l'auteur: Ibrahim Hussein Hamadnallah est Chargé de portfolio sénior pour les états arabes, Section de la programmation de la paix du programme VNU.
Cet article est un résumé d’un entretien en arabe paru dans le magazine Tamkeen, de la Fondation Princesse Al Anoud d’Arabie Saoudite.
> Cette transcription a été traduite de l’anglais grâce à l’aimable participation de la Volontaire ONU Camille Cosson.