Ami Campini dit qu'elle a de la chance d'être en vie. Cette mère de quatre enfants était enceinte de sept mois de son cinquième enfant lorsqu'elle a déménagé avec sa famille du nord du pays vers la région de Quinara, dans le sud-ouest, où ils possèdent des terres, pour le début de la saison agricole.
Deux semaines après son arrivée, Ami a commencé à saigner, suffisamment pour justifier une consultation dans un centre de santé. Mais les employés du centre étant en grève, elle a été envoyée dans un autre établissement, qui n'avait pas d'appareil à ultrasons pour diagnostiquer son état. Une ambulance l'a transportée à l'hôpital régional de Buba, situé à environ 27 kilomètres, mais en raison du mauvais état des routes, le trajet a duré plus d'une heure.
Sur place, Ami, 31 ans, apprend qu'elle souffrait d'un hématome rétroplacentaire, une complication grave de la grossesse provoquée par le détachement du placenta, qui peut entraîner une fausse couche
Dans les communautés rurales, le manque de professionnels de santé qualifiés contribue aux taux élevés de mortalité maternelle et néonatale. Les centres de santé disposent d'infirmières et de sage-femmes, mais pas d'obstétriciens/gynécologues pour évaluer immédiatement les cas obstétriques à haut risque.
Ami a finalement subi une césarienne, donnant naissance à une petite fille de 1,3 kilogramme qu'elle a appelée Zita. Avec un poids aussi faible, le bébé prématuré ne devait pas survivre, mais au bout de 24 heures elle était capable de se nourrir au sein ; mère et fille ont quitté l’hôpital 17 jours plus tard.
« Nous n’avions envisagé que de sauver la mère, car les cas d’hématome rétro placentaire se terminent souvent mal », se souvient le Dr Sonia Bako, une spécialiste en obstétrique et gynécologie soutenu par l'UNFPA avec le programme des Volontaires des Nations Unies. « Ce cas-là a été un vrai miracle, car nous avons finalement pu sauver la mère et l’enfant. »
Combler les lacunes en matière de soins maternels
Le taux moyen national de mortalité maternelle est estimé à 746 pour 100 000 naissances vivantes, mais s’élève à 3 015 dans la région de Quinara.
La salle d'opération dans laquelle Ami Campini a été soignée avait été construite en 2015 (mais n'est devenue opérationnelle qu'en 2021 en raison du manque de professionnels de santé qualifiés). Elle faisait partie de l'initiative du projet H4+ visant à renforcer les soins obstétriques et néonatals d'urgence, financée par l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA) et mise en œuvre par le ministère de la Santé, l'UNFPA et d'autres partenaires.
« Il est nécessaire de former le personnel au niveau régional, car nous avons parfois des cas provenant d’autres secteurs situés à de nombreux kilomètres », explique le Dr Bako, gynécologue-obstétricienne, qui travaille avec l’aide de l’UNFPA. Elle a pratiqué 15 opérations dans cet hôpital à ce jour. « Cela permettrait d’éviter de longs trajets et réduirait la mortalité maternelle et infantile. »
Malgré l'expérience ardue qu'elle a vécue, Ami se concentre sur ce qui a vraiment compté :
J'ai été sauvée grâce à l'existence de la salle d'opération et aux professionnels de santé de l'hôpital qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour m'aider. » --Ami Campini, patiente du Dr Sonia Bako, VNU spécialiste en obstétrique et gynécologie soutenue par l'UNFPA