Un activiste espagnol raconte le sauvetage des migrants qui tentent de traverser la mer Méditerranée au péril de leur vie.
Leur mission est simple et leur présence n’a qu’un seul but : « Nous sommes des secouristes et nous sauvons des vies. » Créée en septembre 2015, Proactiva Open Arms est une petite ONG basée à Barcelone. Sa première opération de sauvetage maritime a été d'aider des réfugiés syriens qui tentaient de rejoindre l’île de Lesbos, en Grèce. Grâce à des dons, l’organisation a pu étendre ses interventions humanitaires au large des côtes libyennes.
La mer Méditerranée est devenue « la principale voie vers l’Europe », mais aussi la plus « dangereuse », prévient le groupe sur son site Internet, soutenant que la traversée en mer des réfugiés avec ses risques potentiels de noyade s’avérait l’une des étapes les plus difficiles du périple.
La radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle s’est entretenu avec Gerard Canals, un secouriste espagnol de 34 ans, qui s’est joint à Proactiva Open Arms à ses tout débuts et qui travaille aujourd’hui à temps plein pour l’organisation.
DW : Lundi, près de 6 500 migrants ont été rescapés au large des côtes libyennes au cours de plusieurs missions de sauvetage, incluant celle de l’ONG Proactiva Open Arms. M. Canals - vous étiez sur place, pouvez-vous nous décrire ce que vous avez vu?
Gerard Canals : L’opération a commencé très tôt le matin, avant le lever du soleil, vers 5 h 30, à la suite d’un appel reçu du CCSM (Centre de coordination et de sauvetage maritime) à Rome. Après avoir navigué environ une demi-heure, nous avons aperçu une grande embarcation en bois d’où nous avons secouru plus de 700 personnes, incluant plusieurs nouveau-nés – dont deux d’à peine 5 jours. L’embarcation était remplie de migrants.
L’Astral, notre bateau, n’est pas très grand, mais nous avons quand même réussi à y faire monter 200 personnes, principalement des familles avec de jeunes enfants. Nous avons distribué aux autres des gilets de sauvetage au cas où leur embarcation chavirerait, pour leur éviter la noyade.
Ce lundi, il y a eu un nombre inhabituellement élevé de personnes en détresse et le sauvetage a pris beaucoup de temps. Il était 22 h au moment où nous avons transféré tous les rescapés sur d’autres navires - nous avons demandé l’assistance d’un plus gros bateau afin de secourir les autres personnes à bord de l’embarcation. Tout au long de la journée, nous étions entourés de bateaux et de gens.
Quelle a été la réaction des personnes à bord du bateau lorsqu’ils ont vu l’Astral se diriger vers leur embarcation?
Habituellement, elles sont heureuses, mais elles sont aussi nerveuses quand elles constatent qu’elles ne sont pas les premières personnes à être secourues. Mais quand elles se rendent compte que toutes seront secourues, elles sont rassurées. Dans ce genre de bateau, même si tout le monde reste calme, cela peut devenir très, très dangereux, car le bateau peut facilement chavirer avec juste un petit mouvement des vagues. Ces bateaux en bois sont vraiment les plus dangereux.
D’autres organisations étaient impliquées dans l’opération de sauvetage de lundi dernier. Avez-vous établi une entente de coopération avec elles, ou avec d’autres ONG?
En fait, il n’y avait pas beaucoup d’ONG sur place lundi, et la plupart d'entre elles s’occupent d’améliorer les conditions de sécurité dans le port de Valette, à Malte. Les autres secouristes étaient à bord de navires de guerre et des membres de la garde côtière.
Comment fonctionne Proactiva Open Arms?
Nous effectuons une surveillance maritime sur une base régulière le long de la côte libyenne, à une trentaine de kilomètres de la rive et généralement, nous recevons un appel de la part du CSSM, des navires de guerre ou encore, nous les trouvons par nous-mêmes. Après nous être assurés que toutes les personnes sont en sécurité, nous attendons les prochaines directives du CCS basé à Rome, qui est chargé de coordonner les opérations de sauvetage. L’Astral dispose de 11 membres d’équipage et nous avons une autre équipe d’intervention en Grèce.
Dagmar Breitenbach, DW (cet article a été publié pour la première fois le 30 août 2016).
Cette article est publié dans le cadre de la campagne pour la Journée internationale des Volontaires 2017: Les volontaires : premiers à agir. Ici. Partout.
Cet article a été traduit de l'anglais par la Volontaire en ligne de l'ONU Sylvie Dubord.