Avec l'assistance de volontaires de l'ONU, le Niger a traité les cas de 230 terroristes présumés, dont 11 femmes et 25 enfants, en 60 jours. C'est l'action concertée des Volontaires des Nations Unies (VNU), de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et des autorités judiciaires nigériennes qui a permis d'atteindre ce résultat.
La majorité de ces personnes se trouvait en détention provisoire depuis 2015, quand les attaques terroristes de Boko Haram ont ravagé la région de Diffa, à la frontière avec le Nigéria, dans l'Est du pays. J'ai vu à quel point le travail de volontaire juriste peut apporter de la lumière sur des visages assombris, » affirme Ali*, volontaire de l'ONU auprès de l'ONUDC au Niger.
Le Niger, et la région du Sahel en général, sont confrontés à une menace terroriste grandissante. Les attaques récurrentes dans la région mettent à dure épreuve les autorités judiciaires, en particulier depuis les années 2010, quand divers groupes armés ont intensifié leurs activités.
Le Niger s'est doté, en 2011 d'un arsenal juridique lui permettant de redoubler les efforts face à ces menaces, notamment au travers d'une réforme de sa législation en matière pénale, ainsi que par la création d'un pôle judiciaire anti-terroriste.
L'ONUDC a donc entrepris d'assister le Pôle antiterroriste dans ses efforts, afin d'améliorer l'accès à la justice pour les détenus associés à Boko Haram, groupe terroriste désormais rattaché à l'Etat islamique depuis 2015. L'ONUDC a recruté et formé 10 jeunes juristes nigériens comme volontaires de l'ONU, pour assister le Pôle antiterroriste en fournissant une assistance juridique aux personnes détenues pour terrorisme, et en particulier celles en position de vulnérabilité.Cependant, le nombre d'effectifs reste insuffisant par rapport aux arrestations et poursuites en justice pour des faits de terrorisme. Plus de 1,500 personnes - comprenant des femmes, enfants et handicapés mentaux - sont actuellement en détention provisoire au Niger, souvent dépourvus des ressources pour se faire assister d'un avocat.
Pour s'assurer que les droits fondamentaux de tout détenu soient respectés, quel que soient les faits motivant l'arrestation et la détention, les volontaires de l'ONU ont pour mission de visiter régulièrement les prisons et de s'entretenir avec les détenus pour s'assurer de la légalité de leur détention, de leur traitement, pour les orienter sur la procédure à suivre et les sensibiliser à leurs droits.
Notre intervention leur a permis de comprendre et connaitre leurs droits, mais surtout de suivre leurs dossiers afin d'accélérer la procédure. » —Fatima*, volontaire de l'ONU de l'ONUDC au Niger
Ce faisant, les volontaires de l'ONU ont développé une collaboration sans précédent avec les directeurs des prisons d'une part et avec les juges d'autre part. Grâce à cela, les résultats de ce projet ne se sont pas fait attendre et se multiplient : un suivi des dossiers amélioré et accéléré, la possibilité d'apporter des réponses concrètes aux détenus et une amélioration de leur traitement. Ainsi, grâce à leur travail, des cas de détention provisoire excessive ont été rapportés aux autorités compétentes, qui ont alors abouti à leur libération, suite à une évaluation approfondie de leurs dossiers permettant des décisions conséquentes.
« Ce travail a permis à des personnes vulnérables de bénéficier de l'assistance juridique et par la même occasion d'alléger des souffrances pour les uns, et de faire naitre des nouveaux espoirs pour les autres. Il contribue au respect des normes juridiques en vigueur au Niger, telles que le droit à un procès équitable, le droit à l'information, et le droit à la défense pour ne citer que cela. Il est à noter également que ce travail apporte des solutions au problème de la lenteur judicaire, » afffirme Mamoudou*, volontaire de l'ONU de l'ONUDC au Niger.
Les personnes détenues pour des périodes prolongées en attente de procès sont susceptibles de se radicaliser. L'ONUDC assure une action qui contribue à la prévention de l'extrémisme violent grâce à ce partenariat avec les autorités nigériennes. » —Pierre Lapaque, Représentant régional de l'ONUDC en Afrique de l'Ouest et du Centre
Ce travail de VNU requiert un courage et une motivation imperturbables, puisqu'il se fait dans des conditions très difficiles tels que la chaleur, les intempéries, le manque d'espace privé pour les entretiens et surtout le caractère sensible des dossiers touchant au terrorisme. Les VNU rapportent ainsi que ce rôle d'assistant juridique comprend également un aspect psychologique important : soutenir des individus ayant parfois subi des traumatismes profonds.
En 2006, les Etats membres des Nations Unies s'étaient engagés à « veiller à ce que les responsables d'actes de terrorisme soient […] poursuivis en justice […] conformément aux dispositions pertinentes du droit national et international, en particulier du droit relatif aux droits de l'homme. » (Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, 2006). L'ONUDC et ses partenaires encouragent les VNU dans leurs efforts pour un système judiciaire efficace au Niger comme réponse au terrorisme.
Ces prénoms sont fictifs afin d'assurer l'anonymité des VNU
Cet article fut préparé par l'ONUDC et parue sur leur site web.