Depuis le début de la pandémie en Afrique de l'Ouest et du Centre, 1 270 femmes Volontaires des Nations Unies se sont engagées dans la lutte contre la crise, qu’elles soient professionnelles de la santé, responsables communautaires, ingénieures, scientifiques, militantes des droits des femmes, chercheuses, spécialistes de la communication ou statisticiennes. Elles apportent chaque jour une contribution significative et cruciale dans les secteurs socio-économiques les plus touchés. Inspirées par de formidables modèles à travers le monde, ces femmes Volontaires ONU sont des exemples réels de leadership transformationnel dans les communautés, les organisations et les institutions publiques.
En réfléchissant au thème de la Journée internationale de la femme de cette année, " Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ", je ne peux m'empêcher de reconsidérer le triple rôle des femmes dans la société, à savoir leur travail productif, reproductif et communautaire, souvent appelé leur triple "fardeau".
Et si ce triple fardeau, qui prédispose les femmes à être les plus durement touchées par cette pandémie, était le tremplin qui fera des femmes les piliers du rétablissement des communautés ?
Je pense à Ashu Orock Ernestine, volontaire ONU pour les droits de l'homme auprès du HCDH au Liberia, qui a refusé de rester assise et de regarder la COVID-19 priver six jeunes filles de leur droit à l'éducation. Ces filles, qui étaient tombées enceintes pendant le confinement, n'ont pas été autorisées à retourner en classe et à passer leurs examens. Grâce à Ashu et à ses collègues, Danai Kudya et Francis Igiriogu, la décision de l'école a été contestée et a retenu l'attention des autorités. Grâce à l'action des trois Volontaires ONU, les filles ont été autorisées à retourner à l'école, brisant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté dans lequel elles risquaient de s’enfermer.
Aucune fille ne devrait être laissée pour compte. Comme le dit Ngozi Okonjo-Iweala, la nouvelle directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), "l'éducation de nos jeunes filles est le fondement de la croissance et du développement".
Selon une note d'orientation publiée par le groupe régional de l'ONU sur le genre (RGTG) pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, les politiques qui ne reflètent pas la voix des femmes ou ne les incluent pas dans la prise de décision sont tout simplement moins efficaces et peuvent même être préjudiciables. Il est donc important de garantir une participation égale des femmes à la préparation et à la prise de décision dans le cadre de la réponse COVID-19, notamment en impliquant les femmes dans les spécialités de santé dites "non traditionnelles".
Aujourd'hui, il y a un an, à l'occasion de la Journée internationale de la femme 2020, j’assistais , à Brazzaville, au Congo, au lancement officiel de l'initiative African Women Health Champions, dirigée par le Dr Moeti Matshidiso, première femme africaine à occuper le poste de directrice régionale de la région Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette initiative vise à déployer 100 jeunes femmes africaines dans les 47 bureaux nationaux de l'OMS en Afrique.
‘Ensemble, nous devons faire davantage pour renforcer l'autonomie des femmes, notamment en développant les compétences au-delà de la formation traditionnelle, en nous attaquant aux normes sociales et en aidant la prochaine génération de filles. Je m'engage à soutenir la prochaine génération de femmes leaders en Afrique. L'un de ces moyens est l'Initiative des championnes de la santé en Afrique, en partenariat avec le programme VNU." Dr Moeti Matshidiso, directeur régional de la région Afrique de l'OMS.
Le programme VNU a pu identifier près de 2000 jeunes femmes africaines âgées de 22 à 35 ans ayant l'expertise requise dans les domaines de la santé familiale, de la nutrition, de la prévention et du contrôle des maladies, de la préparation aux situations d'urgence, de la gestion de l'information, de l'innovation, ainsi que de la communication.
Le contexte inédit de cette pandémie a également contribué à révéler les qualités de leadership de certaines femmes exceptionnelles, dont les Volontaires des Nations Unies, ce qui leur a permis d'être élevées à des postes de direction. C'est le moment d'aller de l'avant et de s'appuyer sur tous ces acquis pour un monde plus égalitaire et plus équitable.
Dès le début de ma carrière, entraînée et conseillée par des hommes et des femmes qui croyaient en mes capacités, j'ai eu l'occasion de faire mes preuves partout où je me trouvais, du Zimbabwe au Burkina Faso, au Congo/Gabon, et maintenant au Sénégal. Je crois en l'éducation des filles. Je crois que lorsqu'on leur donne une chance, les femmes peuvent faire la différence en occupant des postes de direction clés, comme le prouve le taux de réussite dans la gestion de l'impact de COVID-19 dans les pays dirigés par des femmes.
Par conséquent, je pense que renverser l'approche du triple rôle des femmes dans la société ne consiste pas seulement à rectifier des inégalités qui existent depuis longtemps, mais aussi à construire un monde plus juste et plus résilient.
Cet article a été traduit avec l'aide de la volontaire en ligne Katarzyna Rybarczyk