À l’occasion de la Journée internationale de l’aide humanitaire (19 août), les Volontaires des Nations Unies des régions de l’Adamaoua et de l’Est du Cameroun se sont réunis au site de réfugiés de Lolo pour une série d’activités de sensibilisation. Aperçu.
De Batouri, le chef-lieu du département de la Kadey au site de réfugiés de Lolo, les soixante kilomètres de route se parcourent en deux heures. Près de la frontière avec la Centrafrique dans la commune de Kentzou, le lieu accueille une population de plus de 13 000 réfugiés. Fuyant un pays secoué par les conflits, ces communautés vulnérables dont la grande majorité sont de confession musulmane, se sont installées sur le site dès le début de l’année 2014.
Parmi les humanitaires qui travaillent au quotidien auprès de ces populations vulnérables, les Volontaires des Nations Unies sont en première ligne. Enregistrement des naissances, scolarisation des enfants, activités génératrices de revenus, agriculture, chacun dans leurs domaines, ils œuvrent pour l’autonomisation des réfugiés centrafricains.
Parmi la trentaine de Volontaires des Nations Unies réunis à Lolo pour célébrer la Journée de l’Aide Humanitaire, Marriane Enow Tabi, Camerounaise, est Assistante Suivi Terrain à Meïganga (Adamaoua) pour le PAM. « Cette année la journée de l’aide humanitaire célèbre les femmes humanitaires, ce que je trouve très opportun ! », se réjouit-elle.
J’ai vu de première main comment mes collègues femmes sont les premières à se présenter en cas de problème et les dernières à partir jusqu’à ce que le problème soit résolu. Rendre hommages à celles qui ont consacré leurs vies à sauver des vies est une belle initiative, ajoute-t-elle.
Les contributions des Volontaires des Nations Unies dans les réponses aux crises humanitaires sont bien appréciées par les acteurs humanitaires, aussi bien au Cameroun que dans toute la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM)
Mme Nana Amoah, Cheffe de la Sous - Délégation du PAM à Bertoua, témoigne sa satisfaction.
J'ai été impressionnée non seulement par l’étendue de leurs compétences et expérience, mais surtout par le support et l'enthousiasme qu'ils apportent. Ils sont très passionnés par ce qu'ils font. Je souhaite accueillir encore le plus de Volontaires ONU possible. Ils apportent une valeur ajoutée très efficace à nos priorités.
M. Baseme Kulimushi, Chef de la Sous- Délégation du HCR à Bertoua, partage le même avis et confie :
Les Volontaires des Nations Unies que nous avons engagés nous rendent un travail de la même qualité et de la même importance que celui des membres du personnel
Impact : des activités pour vivre
A quelques mètres de l’entrée du camp de Lolo, un petit boukarou sert de salle d’exposition. Robes pour enfants et adultes, tongs en perles, bonnets en laine et petits sacs sont suspendus au plafond ou disposés sur les tables entre la machine à coudre et la machine à tricoter.
Saïdou Hadjaratou, 15 ans, tête baissée, manie le pagne des mains tout en appuyant sur la pédale de la machine à coudre. Pour la jeune fille en classe de 6ème, la couture ne semble plus avoir de secrets. Elle pratique cette activité depuis deux ans déjà et aide ses parents en réalisant quelques vêtements après sa sortie de l’école.
Non loin de là, Hapsatou Housmanou, 50 ans, s’attèle quant à elle à une autre tâche : la fabrication de savons. C’est sa principale activité depuis son installation au camp de Lolo il y a cinq ans en compagnie de toute sa famille, un foyer de dix personnes au total.
« Avec de l’huile de palme, de l’eau et de l’acide caustique, je fabrique du savon que je vends à 100 Fcfa la pièce, tout en restant chez moi. Le problème aujourd’hui est qu’il est devenu plus difficile de s’approvisionner en huile et en soude », regrette Hapsatou.
De l’humanitaire au développement
Les besoins et moyens d'existence, abris et infrastructures pour les familles, assainissement, santé, nutrition et éducation restent primordiaux sur tout le site, où plus de 50% des habitants ont moins de 18 ans et où les femmes et les filles représentent plus de la moitié de la population.
En effet, la réduction drastique des ressources financières durant l’année 2019 a eu un impact majeur sur la qualité de l'intervention des acteurs humanitaires à la fois auprès des populations réfugiées et des populations hôtes. L’autonomisation des réfugiés centrafricains (environ 286 000 au Cameroun) répartis entre l’Adamaoua, l’Est et le Nord est dans ce sens un bien aussi nécessaire qu’urgent.
Conscients des nombreux défis à relever, entre humanitaire et développement, les Volontaires des Nations Unies au Cameroun ont souhaité célébrer la Journée Internationale de l’Aide Humanitaire le 7 août dernier auprès des populations vulnérables de l’Est afin de mettre la lumière sur une crise certes moins visible, mais toujours présente.