Et ce sourire, cette poignée de main, ce « merci », ce regard de complicité transformeront mon volontariat non seulement en une expérience de vie et dapprentissage pour moi, mais aussi pour chacune des personnes et partenaires avec lesquels jai parcouru un bout de chemin vers lavenir.
Il est six heures du matin. Somnolente, je monte dans le véhicule qui mattend à la porte de la maison. Mes collègues se trouvent déjà en voiture, prêts pour notre voyage de terrain. Bientôt je me laisse hypnotiser par le bourdonnement du moteur et mabandonne à mes pensées. Entretemps, je parviens même à somnoler, car je me suis habituée aux routes cahoteuses durant le voyage, sans lesquelles un tel voyage nest pas une visite de terrain. Il reste encore environ sept heures avant darriver à la municipalité que nous avons prévu de visiter.
Tout dépendra des imprévus : des barrages non annoncés, des déviations, voire des vaches qui prennent un bain de soleil au milieu de la route et ne cèdent le passage quà contrecur. Mais cette fois-ci, nous sommes chanceux. Nous arrivons même un peu avant lheure. De plus, le maire se trouve dans la municipalité et nous en profitons pour linformer de la raison de notre passage et parler de certaines difficultés liées à limplémentation de la composante du Développement Intégral du Jeune Enfant*.
Le programme se poursuit avec la visite de deux centres de la petite enfance en compagnie du chargé municipal pour le bon fonctionnement des centres de la zone. Après presquune heure supplémentaire de voyage, nous apercevons de loin le premier centre. Léducatrice nous informe quelle na pas encore été payée pour les mois de travail écoulés et je rappelle au chargé municipal quil est de sa responsabilité dassurer le paiement salarial dans les délais.
Léducatrice nous montre le centre, nous parle de chaque enfant et partage avec nous les joies et les difficultés de son labeur quotidien. Laprès-midi, notre voyage continue sur des routes caillouteuses. En arrivant au deuxième centre, léducatrice se plaint de ne pas disposer de suffisamment de jouets et du fait que les parents naiment pas payer leurs cotisations en aliments. Nous lui suggérons de fabriquer des jouets avec du matériel de la région pour ne plus autant dépendre de donations externes. Je conseille en outre au chargé municipal daborder le sujet de jouets fabriqués avec du matériel recyclable lors dune prochaine formation pour éducateurs et éducatrices. Enfin, je lincite à rappeler lobligation des cotisations alimentaires durant la prochaine réunion de parents, car ces cotisations sont indispensables pour un bon accueil dans les centres.
La visite sachève avec quelques jeux en cercle que nous apprenons à léducatrice et aux enfants. En jouant, les enfants, timides au premier abord face à cette visite de si loin, commencent à souvrir et prennent confiance en eux. Lorsque nous sommes sur le point de dire au revoir, ils ne veulent plus nous laisser partir et font leurs adieux en chantant. Durant le chemin de retour, jévoque leurs petites mains qui saisissent les miennes ainsi que leurs sourires. Les remerciements de léducatrice pour lintérêt que nous portons à son travail résonnent encore en moi.
Ces instants si riches ne constituent quune seule facette de mes multiples tâches comme stagiaire internationale VNU. Pourtant, ils sont les plus cruciaux, car ils donnent un nom et un visage au travail en faveur de lenfance.
Comme stagiaire VNU dans le secteur « éducation » avec UNICEF, je suis la personne de référence dUNICEF pour le Développement Intégral du Jeune Enfant et lEducation Informelle au niveau du département de Chuquisaca. Ma tâche principale est de donner de lassistance technique aux partenaires municipaux dans le cadre de la mise en uvre dactivités dans dix municipalités rurales, cinq dans la région andine et cinq dans la région du « Chaco ».
En plus des visites de suivi aux centres de la petite enfance et aux établissements déducation informelle, jorganise et participe à des réunions départementales pour les chargés municipaux en Développement Intégral du Jeune Enfant dans le but de renforcer léchange dexpériences. De plus, je soutiens les chargés municipaux dans la réalisation dactivités spécifiques selon leurs besoins, par exemple en ateliers de formations ou durant tout le processus financier.
Plus loin je coordonne des activités avec les Services Départementaux dEducation et de Gestion Sociale et des autorités municipales et je les sensibilise sur limportance dun bon encadrement durant la petite enfance, car cest là un sujet encore peu ancré dans les politiques publiques en Bolivie. Enfin, je soutiens le procès délaboration de politiques locales de Développement du Jeune Enfant dans deux municipalités ainsi que la collection de données sur la petite enfance qui permettent de mesurer létat de lenfance bolivienne.
Durant mon année comme stagiaire VNU, travailler - surtout dans le domaine du Développement du Jeune Enfant - ne ma pas seulement permis délargir mes connaissances sur la petite enfance. En effet, la lutte pour le bien-être des plus petits sest transformée en véritable passion. De plus, grâce à la diversité de mes tâches jai appris à travailler tant sur le plan opérationnel que stratégique au sein dune grande organisation internationale comme UNICEF.
Lapprentissage continu, le soutien que jai reçu en tout temps de la part de mes superviseurs et de mes collègues dUNICEF et le fait dêtre chaque jour en contact avec des gens dhorizons très divers ont probablement constitué laspect le plus enrichissant de mon expérience comme volontaire.
Le bon mélange entre « travail de bureau » et léchange plus direct avec les bénéficiaires et partenaires dUNICEF mont motivée chaque jour à donner le meilleur de moi-même et à montrer que travailler comme volontaire représente bien plus que respecter un horaire de bureau. Cela signifie être à lécoute des demandes multiples des partenaires et essayer de chercher des solutions en commun. Cela signifie savoir sinvestir pour la population bolivienne, surtout pour les plus petits. Cela signifie encore de créer des relations amicales basées sur le respect mutuel malgré les différences culturelles. Cela signifie enfin dessayer dadopter le prisme des gens ruraux, écouter leurs visions et expériences de vie et construire ensemble des perspectives pour un meilleur futur tout en contribuant à la réalisation des Objectifs du Millénaire.
Et jespère que ce sourire, cette poignée de main, ce « merci », ce regard de complicité transformeront mon volontariat non seulement en une expérience de vie et dapprentissage pour moi, mais aussi pour chacune des personnes et partenaires avec lesquels jai parcouru un bout de chemin vers lavenir.
*Programmes dattention non scolarisés pour enfants de 0 à 6 ans (normalement il sagit dune attention en centres pour la petite enfance).