Gisela Hurschler (segunda por la izquierda), pasante VNU internacional cuya asignaci?n es ?ntegramente financiada por la Agencia Suiza para el desarrollo y la cooperaci?n, durante una visita de seguimiento en un centro infantil de Huacaya, Chaco. (Programa VNU)

Pour le développement et l’apprentissage du jeune enfant

Et ce sourire, cette poignée de main, ce « merci », ce regard de complicité  transformeront mon volontariat non seulement en une expérience de vie et d’apprentissage pour moi, mais aussi pour chacune des personnes et partenaires avec lesquels j’ai parcouru un bout de chemin vers l’avenir.
Il est six heures du matin. Somnolente, je monte dans le véhicule qui m’attend à la porte de la maison. Mes collègues se trouvent déjà en voiture, prêts pour notre voyage de terrain. Bientôt je me laisse hypnotiser par le bourdonnement du moteur et m’abandonne à mes pensées. Entretemps, je parviens même à somnoler, car je me suis habituée aux routes cahoteuses durant le voyage, sans lesquelles un tel voyage n’est pas une visite de terrain. Il reste encore environ sept heures avant d’arriver à la municipalité que nous avons prévu de visiter. Tout dépendra des imprévus : des barrages non annoncés, des déviations, voire des vaches qui prennent un bain de soleil au milieu de la route et ne cèdent le passage qu’à contrecœur. Mais cette fois-ci, nous sommes chanceux. Nous arrivons même un peu avant l’heure. De plus, le maire se trouve dans la municipalité et nous en profitons pour l’informer de la raison de notre passage et parler de certaines difficultés liées à l’implémentation de la composante du Développement Intégral du Jeune Enfant*. Le programme se poursuit avec la visite de deux centres de la petite enfance en compagnie du chargé municipal pour le bon fonctionnement des centres de la zone. Après presqu’une heure supplémentaire de voyage, nous apercevons de loin le premier centre. L’éducatrice nous informe qu’elle n’a pas encore été payée pour les mois de travail écoulés et je rappelle au chargé municipal qu’il est de sa responsabilité d’assurer le paiement salarial dans les délais. L’éducatrice nous montre le centre, nous parle de chaque enfant et partage avec nous les joies et les difficultés de son labeur quotidien. L’après-midi, notre voyage continue sur des routes caillouteuses. En arrivant au deuxième centre, l’éducatrice se plaint de ne pas disposer de suffisamment de jouets et du fait que les parents n’aiment pas payer leurs cotisations en aliments. Nous lui suggérons de fabriquer des jouets avec du matériel de la région pour ne plus autant dépendre de donations externes. Je conseille en outre au chargé municipal d’aborder le sujet de jouets fabriqués avec du matériel recyclable lors d’une prochaine formation pour éducateurs et éducatrices. Enfin, je l’incite à rappeler l’obligation des cotisations alimentaires durant la prochaine réunion de parents, car ces cotisations sont indispensables pour un bon accueil dans les centres. La visite s’achève avec quelques jeux en cercle que nous apprenons à l’éducatrice et aux enfants. En jouant, les enfants, timides au premier abord face à cette visite de si loin, commencent à s’ouvrir et prennent confiance en eux. Lorsque nous sommes sur le point de dire au revoir, ils ne veulent plus nous laisser partir et font leurs adieux en chantant. Durant le chemin de retour, j’évoque leurs petites mains qui saisissent les miennes ainsi que leurs sourires. Les remerciements de l’éducatrice pour l’intérêt que nous portons à son travail résonnent encore en moi. Ces instants si riches ne constituent qu’une seule facette de mes multiples tâches comme stagiaire internationale VNU. Pourtant, ils sont les plus cruciaux, car ils donnent un nom et un visage au travail en faveur de l’enfance. Comme stagiaire VNU dans le secteur « éducation » avec UNICEF, je suis la personne de référence d’UNICEF pour le Développement Intégral du Jeune Enfant et l’Education Informelle au niveau du département de Chuquisaca. Ma tâche principale est de donner de l’assistance technique aux partenaires municipaux dans le cadre de la mise en œuvre d’activités dans dix municipalités rurales, cinq dans la région andine et cinq dans la région du « Chaco ». En plus des visites de suivi aux centres de la petite enfance et aux établissements d’éducation informelle, j’organise et participe à des réunions départementales pour les chargés municipaux en Développement Intégral du Jeune Enfant dans le but de renforcer l’échange d’expériences. De plus, je soutiens les chargés municipaux dans la réalisation d’activités spécifiques selon leurs besoins, par exemple en ateliers de formations ou durant tout le processus financier. Plus loin je coordonne des activités avec les Services Départementaux d’Education et de Gestion Sociale et des autorités municipales et je les sensibilise sur l’importance d’un bon encadrement durant la petite enfance, car c’est là un sujet encore peu ancré dans les politiques publiques en Bolivie. Enfin, je soutiens le procès d’élaboration de politiques locales de Développement du Jeune Enfant dans deux municipalités ainsi que la collection de données sur la petite enfance qui permettent de mesurer l’état de l’enfance bolivienne. Durant mon année comme stagiaire VNU, travailler - surtout dans le domaine du Développement du Jeune Enfant - ne m’a pas seulement permis d’élargir mes connaissances sur la petite enfance. En effet, la lutte pour le bien-être des plus petits s’est transformée en véritable passion.  De plus, grâce à la diversité de mes tâches j’ai appris à travailler tant sur le plan opérationnel que stratégique au sein d’une grande organisation internationale comme UNICEF. L’apprentissage continu, le soutien que j’ai reçu en tout temps de la part de mes superviseurs et de mes collègues d’UNICEF et le fait d’être chaque jour en contact avec des gens d’horizons très divers ont probablement constitué l’aspect le plus enrichissant de mon expérience comme volontaire. Le bon mélange entre « travail de bureau » et l’échange plus direct avec les bénéficiaires et partenaires d’UNICEF m’ont motivée chaque jour à donner le meilleur de moi-même et à montrer que travailler comme volontaire représente bien plus que respecter un horaire de bureau. Cela signifie être à l’écoute des demandes multiples des partenaires et essayer de chercher des solutions en commun. Cela signifie savoir s’investir pour la population bolivienne, surtout pour les plus petits. Cela signifie encore de créer des relations amicales basées sur le respect mutuel malgré les différences culturelles. Cela signifie enfin d’essayer d’adopter le prisme des gens ruraux, écouter leurs visions et expériences de vie et construire ensemble des perspectives pour un meilleur futur tout en contribuant à la réalisation des Objectifs du Millénaire. Et j’espère que ce sourire, cette poignée de main, ce « merci », ce regard de complicité  transformeront mon volontariat non seulement en une expérience de vie et d’apprentissage pour moi, mais aussi pour chacune des personnes et partenaires avec lesquels j’ai parcouru un bout de chemin vers l’avenir. *Programmes d’attention non scolarisés pour enfants de 0 à 6 ans (normalement il s’agit d’une attention en centres pour la petite enfance).