Solomon Ayiko (Canada), Volontaire des Nations Unies pour le relèvement, la réintégration et la consolidation de la paix auprès de la MINUSS, a mis sur pied Women Vision, une association pour les femmes entrepreneurs de la région de Koch, au Soudan du Sud, afin d’aider ces femmes à s’apporter un soutien mutuel, mettre en commun leurs ressources et expertise, se former à de nouvelles compétences, pour finalement améliorer leur revenus de subsistance et leur place dans la communauté. L’association a également participé à une campagne pour l’éducation des filles, pour convaincre celles ayant abandonné l’école en raison de mariages et de grossesses précoces ou de charge de travail domestique importante, d’y retourner.
Solomon Ayiko (Canada), un Volontaire des Nations Unies pour le relèvement, la réintégration et la consolidation de la paix affecté auprès de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) est convaincu qu’accroître la participation des femmes dans les activités de consolidation de la paix et de l’Etat après un conflit est essentiel à la réussite d’un tel processus.
« C’est au travers d’une cohésion et de consultations intenses entres femmes et hommes que le processus de consolidation de la paix et de l’Etat peut espérer tirer une légitimité et progresser », d’après Solomon.
C’est la raison pour laquelle il a mis sur pied une association de femmes entrepreneurs dans la région de Koch. « A mon retour d’un atelier sur les techniques de formation, d’accompagnement et d’animation, organisé à Entebbe par le programme VNU dans le cadre de la facilité pour l’apprentissage et le développement des capacités, je me suis senti inspiré et investi par cette mission, de renforcer les capacités institutionnelles nationales au Soudan du Sud », raconte-t-il.
« J’ai aidé des femmes qui se consacraient individuellement à de petites activités économiques, telles que la vente de produits, de nourriture locale, de thé et de café, à s’organiser et se rassembler au sein d’une association qui leur soit propre. »
Au sein de cette dernière, elles peuvent s’apporter un soutien mutuel, mettre en commun leur expertise et leurs ressources, et même acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Solomon a rapidement inscrit cette nouvelle association, Women Vision, comme une organisation communautaire.
« L’objectif principal de Women Vision est de créer un environnement propice à la paix et au développement durable », indique Solomon. « L’autonomisation des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés sur le plan socio-économique est un des principaux objectifs de Women Vision en termes de consolidation de la paix. »
Avec David Asiimwe (Uganda), un Volontaire des Nations Unies travaillant comme spécialiste des affaires civiles au sein de la Division des affaires civiles de la MINUSS, Solomon a effectué une évaluation des besoins auprès des membres de l’association. Ils se sont alors rendu compte qu’aucune des 20 femmes n’avait de connaissances de base en termes de comptabilité, planification des activités ou de rentabilité.
Solomon a sensibilisé les 20 membres du groupe aux bénéfices de contribuer chaque semaine à l’établissement d’un compte épargne. A la date de cet article, et avant les récents troubles, le groupe avait commencé à acheter des produits en gros, comme par exemple du sucre, afin que ses membres puissent s’en fournir à des prix bien plus bas qu’auparavant pour leurs activités de vente de thé et de café.
Solomon a ensuite organisé une formation de 13 modules en gestion des affaires et comptabilité pour les membres de l’association. Partant d’activités qui permettaient tout juste de payer leurs employés et de nourrir leurs familles, ces femmes ont développé les connaissances et les compétences pour devenir de véritables entrepreneurs.
Les changements dans le comportement des femmes leur ont également permis d’améliorer leur sort. « Elles ont appris qu’en distribuant gratuitement leur produits aux membres de leurs familles, leurs voisins, et leurs amis, elles portaient préjudice à leur activité et l’empêchait d’être rentable », raconte Solomon.
« Au début cela n’était pas évident en raison de l’attitude de leurs familles, mais lorsque ces femmes d’affaires ont persévéré et se sont rendu compte qu’elles commençaient à gagner suffisamment d’argent pour pouvoir acheter des affaires pour leurs propres enfants, alors elles ont pris la mesure de la valeur de telles pratiques, » poursuit-il.
Les nouvelles pratiques et attitudes professionnelles des femmes ont permis de sensibiliser la communauté locale aux questions d’égalité des sexes, tout en atténuant la résistance au changement et en développant le soutien en faveur du progrès.
Solomon a également encouragé Women Vision à participer à des activités bénéficiant à l’ensemble de la communauté. L’association a pris part à une campagne de promotion de l’éducation des filles, pour accroître leur taux de scolarisation et réduire le taux d’abandon en raison du surcroît de travail domestique des filles, des mariages et grossesses précoces, et des autres obstacles culturels à l’éducation des filles.
« Les membres de l’association ont rendu visite aux familles de jeunes filles ayant abandonné l’école et ont discuté avec leurs parents, afin d’essayer de les convaincre de les envoyer à nouveau à l’école », rapporte Solomon. « C’est ainsi qu’environ 60 jeunes filles, qui avaient abandonné en raison de mariages illégaux ou de charge de travail domestique importante, ont pu reprendre le chemin de l’école ».
En s’appuyant sur l’épargne collective de ses membres, Women Vision a commissionné la construction d’un petit hôtel et a prévu d’envoyer une de ses membres à Juba pour suivre une formation en restauration afin de pouvoir assurer le service de restauration de l’hôtel. Plus des trois quart du bâtiment avaient déjà été réalisés lorsque la crise actuelle au Soudan du Sud a interrompu la construction.
Etant donné que la plupart des membres du groupe se sont dispersés, les activités de l’association sont actuellement suspendues. Pour Solomon, mettre sur pied et travailler avec Women Vision a été une expérience positive. Il prévoit d’utiliser les compétences qu’il a acquises pour de futures initiatives de développement des capacités et il est optimiste quant à l’impact positif durable de l’association sur ses membres.